archéologique
Accolé à la majestueuse église romane A Canonica, le site archéologique de Mariana vous transporte dans un quartier antique et dans la première cathédrale corse.
Accolé à la majestueuse église romane A Canonica, le site archéologique de Mariana vous transporte dans un quartier antique et dans la première cathédrale corse.
Le site archéologique de Mariana se déploie sur près de 7 ha acquis par la Ville de Lucciana. Cette réserve archéologique comprend deux églises romanes remarquables Santa Maria Assunta dite A Canonica et San Parteo, édifiées au début du XIIe siècle sous la gouverne de l’archevêque de Pise. La ville antique de Mariana est encore majoritairement enfouie, son exploration sera menée progressivement par les archéologues.
Près de l’église A Canonica, des traces entremêlées témoignent de l’histoire de Mariana depuis l’antiquité jusqu’au moyen âge. Une rue antique orientée est-ouest ordonne un quartier résidentiel, artisanal et commercial. Les vestiges de la première cathédrale construite en Corse à la fin du IVe/début du Ve siècle cachent ceux d’une domus antique – demeure luxueuse – tandis que les ruines du palais épiscopal médiéval apparaissent çà et là.
Après avoir visité le parcours permanent du musée, vous saurez délier les murs et les sols, allant d’une époque à une autre. Au fil des investigations des archéologues, les vestiges découverts sont valorisés et intègrent le parc archéologique qui ne cesse de s’étendre du fleuve au musée.
La ville antique de Mariana est fondée par des vétérans du général Caius Marius, envoyés pour fonder la première colonie romaine en Corse, dans les premières années du Ier siècle avant notre ère. Installée dans l’une des plus vastes plaines de l’île, Mariana prospère grâce à l’exploitation agricole de la plaine et au commerce avec le reste du monde méditerranéen romanisé. Sa vocation portuaire est en effet attestée, malgré l’absence de traces tangibles pour restituer l’emplacement d’un port. Dans la lagune de Biguglia, sur la façade littorale ou sur les berges du fleuve Golo, les hypothèses sont multiples.
La ville elle-même était installée sur une petite terrasse naturelle surplombant le fleuve. Seule une petite partie a pu être explorée par la fouille archéologique mais les différentes prospections archéologiques menées permettent d’en restituer les limites et la trame orthogonale, les axes principaux, l’emplacement probable d’un centre civique et plusieurs îlots d’habitation. D’une surface totale de près de 18 hectares, seul le quartier situé en limite sud de l’agglomération est aujourd’hui visitable.
Situé au plus près du fleuve, voie de navigation probable, ce quartier s’organise autour d’une rue orientée est-ouest, appelée decumanus, bordée de portiques permettant aux badauds de marcher à l’ombre ou à l’abri des intempéries.
De nombreuses boutiques ont été identifiées, souvent organisées en deux pièces : une boutique à proprement parlé et une arrière-boutique destinée aux activités artisanales ou au stockage. Certaines étaient aménagées comme des dépendances de riches maisons de ville, d’autres pouvaient constituer le rez-de-chaussée de bâtiments plus sommaires où la partie résidentielle pouvait être reléguée à l’étage. Enfin, un marché – macellum – organisé autour d’une cour à portique, a été identifié.
Dans ce quartier aménagé dès la fondation de la colonie romaine, de fastueuses maisons de ville se déploient également. Au nord de la rue, l’une de ces domus s’étend encore sous la Canonica : seule l’entrée, signalée par deux colonnes, le vestibulum (vestibule) et la taberna (échoppe ouverte en façade) sont encore aujourd’hui visibles.
Une seconde domus, sur les ruines de laquelle la basilique paléochrétienne fut construite, a été explorée partiellement. Elle a livré notamment une splendide mosaïque et des thermes privés témoignant des somptueux décors mis en œuvre et de l’aisance des propriétaires. Ces vestiges ont été réenfouis pour mieux les protéger et les préserver pour les générations futures.
En 2017, le projet de déviation de la route RD 107 a motivé la conduite par l’Inrap de fouilles archéologiques préventives, ayant mis au jour un bâtiment cultuel unique en Corse : un mithraeum, temple dédié au dieu Mithra.
Si cette découverte est exceptionnelle, les vestiges ont depuis été réenfouis dans l’attente de la concrétisation du projet d’aménagement. L’opération archéologique, elle-même destructrice, était menée à des fins de documentation et non de patrimonialisation.
Plus de ressources sur le site de l’Inrap :
Un sanctuaire dédié au dieu Mithra découvert en Corse
La plaine de la Marana, où s’installe la colonie romaine au Ier siècle avant notre ère, est profondément marquée par les traces de cette occupation humaine sur plus de deux millénaires. Hors de l’actuel parc archéologique, les témoins du passé antique de Mariana surgissent : ici les ruines d’un petit édifice funéraire aux portes de la ville, là les restes d’un bâtiment thermal. Plus loin, au lieu-dit Palazzetto à l’ouest du site, un mausolée se dresse fièrement au bord de la route. Daté du Ier ou IIe siècle de notre ère et remployé au Moyen Âge et à l’époque moderne, le monument révèle l’implantation des aires funéraires romaines à l’extérieur de la ville antique et la continuité d’occupation de ces monuments.
À 500 m à l’ouest du parc archéologique, l’église romane de San Parteo est érigée près d’un méandre du Golo, hors de l’enceinte restituée de la ville antique. Emblématique de l’histoire de Mariana, ce secteur en traverse toutes les périodes.
Le site est déjà occupé du temps de la colonie romaine : il pourrait faire partie de la vaste nécropole de Palazzetto-Murotondo, implantée à l’ouest de la ville sur l’une de ses principales voies d’accès. Quelques tombes, antérieures aux premiers aménagements paléochrétiens, pourraient dater de la période antique.
Au Ve siècle, peu de temps après la construction de la cathédrale paléochrétienne urbaine, une première église y est élevée. Celle-ci présente un plan simple : une seule nef de 21 m de long, terminée par une abside. Une vingtaine de sépultures ont été installées au plus près du lieu saint, à l’intérieur ou à l’extérieur, probablement entre le Ve et le VIIe siècle. Ne sont visibles de cette période que les fondations arasées des murs ouest et sud de l’église et quelques tombes dont on perçoit encore le creusement ou l’architecture.
Une nouvelle église est construite au XIIe siècle, parallèlement au chantier de la Canonica. Un document d’archive daté de 1115 en mentionne la dédicace : San Parteo, considéré par tradition comme l’un des premiers évêques de Mariana.
Le bâtiment cultuel ainsi reconstruit sur les fondations de l’édifice paléochrétien, adopte un plan à nef unique, dotée d’une vaste abside axiale et de deux chapelles latérales voutées. Plus sobres qu'à la Canonica, les ornements architecturaux se concentrent sur les façades extérieures. L’abside est magnifiée par de fines arcatures ciselées reposant sur des colonnes couronnées de chapiteaux en marbre.
Les dimensions de l’édifice, long de près de 22 m, sont exceptionnelles pour une telle église suburbaine, et donnent la mesure de l’importance qui lui est conférée. Elles pourraient s’expliquer par la volonté de glorifier un ancien sanctuaire, ou d’exalter le culte de reliques, peut-être celles de Parteo lui-même.