de Mariana
Dans une atmosphère apaisée et contemporaine, une collection archéologique exceptionnelle témoigne de l’histoire de Mariana, éclairée par des multimédias.
Dans une atmosphère apaisée et contemporaine, une collection archéologique exceptionnelle témoigne de l’histoire de Mariana, éclairée par des multimédias.
Un concours international d’architecture est lancé en 2011 par la Ville de Lucciana pour la création du musée et du centre de recherches. Le lauréat désigné est Pierre-Louis Faloci. Cet architecte est récompensé de l’Équerre d’argent en 1996 et du grand prix national de l’architecture en 2018 ; il fonde et anime l’atelier « architecture et paysage contemporain » à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. Riche de références architecturales mais également plastiques et cinématographiques, Pierre-Louis Faloci admire particulièrement les jardins d’André Le Nôtre et les techniques spectaculaires de cadrage du cinéaste Andreï Tarkovski.
Situé à distance de la Canonica et en lisière de la ville antique, le bâtiment dépouillé qu’il propose, aux lignes horizontales tendues et comme en lévitation sur son socle de pilotis, fait écho à la monumentalité et la sobriété architecturale de l’église romane. Intéressé par la perspective, la profondeur de champs et le jeu des lignes et du regard, Pierre-Louis Faloci conçoit ainsi un bâtiment ancré dans son environnement naturel, archéologique et agropastoral. De plus, l’édifice se compose de deux blocs imbriqués – l’un de plan rectangulaire l’autre en équerre – ce qui permet de bien distinguer les espaces dévolus à la recherche et ceux destinés au public.
Pierre-Louis Faloci initie un dialogue entre la structure historique au sol qu’est l’église romane de la Canonica et une conception contemporaine parallèle et surélevée, le musée. À chaque niveau, un lien visuel est établi entre l’intérieur et l’extérieur.
À l’intérieur, l’utilisation de matériaux bruts, avec la prépondérance du noir, fait écho à la boîte noire du photographe voire du cinéma. Cette conception souligne par contraste la présence des objets dans les vitrines par un jeu subtil de lumières.
L'élégance de ce bâtiment réalisé par Pierre-Louis Faloci repose sur une ambivalence : une grande discrétion dans le lointain paysage est contrebalancée par une forte empreinte architecturale à son approche.
L’articulation des espaces du musée vise à séparer très clairement les fonctions scientifiques, techniques et administratives de l’établissement des missions tournées vers les publics.
Côté public, le visiteur accède au musée par un vaste parvis, agrémenté d’un bassin – clin d’œil au réseau hydrographique naturel –, qui magnifie la plaine agricole et la présence majestueuse de l’église romane de la Canonica. Entrant dans l’édifice, le visiteur découvre la banque d’accueil et l’espace boutique. À nouveau, il est saisi par l’ouverture sur le paysage environnant. L’accès principal au parcours muséographique est mis en scène par un élégant escalier qui au fil de son ascension dévoile l’ambiance scénographique. Le visiteur est invité à une double contemplation : les panoramas vers l’extérieur et à l’intérieur les vitrines, placées dans une atmosphère de clair-obscur. À l’est, une grande salle d’exposition temporaire ouvre le regard au loin sur le rivage et les îles toscanes. Le parcours muséographique se déploie sur deux niveaux et s’achève sur la terrasse-belvédère, accessible directement par un petit amphithéâtre extérieur, qui embrasse tout le territoire de Mariana placé entre mer, étang et montagne.
À la croisée des circulations privée et publique, un atelier pédagogique destiné plus particulièrement au jeune public offre une fenêtre sur le laboratoire, créant la rencontre avec les archéologues.
Le centre de recherches s’établit au rez-de-chaussée en adoptant un plan en équerre. Là encore, la lumière naturelle pénètre dans chaque salle, à l’exclusion des réserves, et offre un réel confort de travail.
Ce centre accueille des bureaux, un espace de détente et une salle de documentation accessible à tous sur rendez-vous. Au débouché du quai de déchargement placé en fond de cour, une vaste pièce offre un grand confort logistique dans la préparation des expositions temporaires.
Le laboratoire est organisé en deux grandes pièces dotées d’équipements spécialisés qui permettent de réaliser toute la chaîne opératoire d’étude, de traitement et de conservation préventive du mobilier et des prélèvements sédimentaires issus des prospections et des fouilles archéologiques. Une cloison vitrée sépare la salle de tamisage, de lavage et de traitement de la salle d’étude sans accès à l’eau. Le bureau de la régie des collections est placé entre le laboratoire archéologique et la grande salle des réserves dont le climat est sous contrôle permanent.
Les destins de Mariana et de Monaco sont liés par la figure mythique de sainte Dévote. En effet, selon la légende, elle naît vers 283 au lieu-dit Quercio, près du village actuel de Lucciana, et est martyrisée à Mariana en l’an 312. Sa dépouille est ensuite chargée sur une barque pour rejoindre les terres chrétiennes de l’Afrique du Nord mais les vents la détournent et elle échoue au Vallon des Gommates à Monaco où la sainte est enfin inhumée.
Ainsi, Lucciana et Monaco partagent une histoire commune sous l'égide de sainte Dévote, patronne de la Corse et de la Principauté monégasque. En 2003, le Prince Rainier III de Monaco fait don d’une réduction de la sculpture de sainte Dévote réalisée par Cyril de la Patellière et honore la Fiera di a Canonica de sa présence en compagnie de son fils Albert. En 2009, les deux communes sont officiellement jumelées et Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II pose symboliquement la première pierre du musée de Mariana. Puis en 2015, il baptise du nom de Lucciana la contre-jetée du port Hercule, au cœur de l’activité économique et touristique de Monaco. En retour, le maire de Lucciana ajoute alors le nom du Prince Rainier III de Monaco à celui du musée.
Chaque année, des cérémonies cultuelles, ordonnées par les confréries pour honorer sainte Dévote permettent aux Monégasques et Luccianais de communier ensemble. Ainsi, le 27 janvier à Monaco, des confrères luccianais participent à la procession solennelle sur le Rocher et assistent à la bénédiction du Palais, de la Ville et de la Mer. Le dimanche suivant, à Lucciana, sainte Dévote est célébrée durant la messe. Enfin, le Lundi de Pentecôte, les deux communautés sont à nouveau réunies à Lucciana lors de la procession de sainte Dévote et de la messe dite à l’église Santa Maria Assunta dite A Canonica.
Fondé en 1902 par le Prince-savant Albert Ier, le Musée d’Anthropologie préhistorique est la plus ancienne institution scientifique de la Principauté de Monaco. Institut d’avant-garde, sa dimension scientifique lui a permis de traverser les siècles. Le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco a, depuis son origine, non seulement vocation de production scientifique, par le biais de fouilles recherches, études et publications mais également de vulgarisation par des expositions et des actions de médiation diversifiées. Sa muséographie novatrice et interactive permet au visiteur d’expérimenter la démarche scientifique du préhistorien et d’appréhender, par l’enquête, l’expérience archéologique. S’inscrivant dans les relations établies entre la Principauté de Monaco et la Ville de Lucciana, le musée de site archéologique de Mariana et le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco sont unis par une convention de partenariat qui vise à établir une coopération scientifique et culturelle pérenne au service des chercheurs et des publics.
Crédits des photos : Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco